Quand le pouvoir bloque l’avenir : le refus du maire d’autoriser l’implantation d’ALDI à Seysses

Il arrive un moment où la politique locale cesse de servir l’intérêt général pour devenir une démonstration d’autorité. À Seysses, nous y sommes. Le refus obstiné du maire d’accepter l’installation d’un magasin ALDI de 985 m² en est l’exemple le plus flagrant. Derrière les arguments techniques et les références administratives, se cache une réalité simple : une volonté politique de bloquer un projet utile, légal et attendu par les habitants.

En novembre 2021, le Muretain Agglo a adopté un Schéma Directeur de Développement Commercial. Vicky Vallier a voté ce document, car il correspondait à la réalité de l’époque : encadrer l’urbanisation commerciale et protéger les centralités. Mais ce schéma, fondé sur des données INSEE de 2017, des estimations de 2021 et des projections PLH pour 2025/2030, n’est plus adapté. Il repose sur des chiffres vieux de huit ans et décrit une commune qui n’existe plus.

Depuis 2021, Seysses a dépassé les 10 000 habitants, le coût de la vie a explosé et les besoins des familles ont évolué. S’en servir comme d’un texte gravé dans le marbre, c’est gouverner avec une carte périmée. Le schéma devait être un outil d’adaptation, pas une arme de blocage.

Le projet ALDI concerne un commerce de 985 m² sur une zone déjà urbanisée à La Piche. En dessous du seuil de 1 000 m², la saisine de la CDAC (Commission Départementale d’Aménagement Commercial) est facultative. Le maire a pourtant choisi de la saisir, révélant une intention claire : ralentir, complexifier, décourager. Car chacun sait ce que représente une CDAC : délai, lourdeur, incertitude. Ce n’est pas un acte de prudence, c’est un refus déguisé. Le pouvoir d’un maire lui permet non seulement de décider, mais aussi de ne pas décider. C’est ce que l’on appelle, dans les faits, le pouvoir d’inaction volontaire.

Le maire brandit le schéma directeur comme un texte sacré. Mais ce schéma n’a aucune valeur contraignante : il oriente, il guide, mais il ne bloque pas. Son préambule prévoit une mise à jour en cas d’évolution démographique ou économique significative. Or cette évolution, nous y sommes : +15 % d’habitants, +13 % d’inflation, +8 ans de décalage. Tout indique qu’une révision est nécessaire.

En 2021, la zone de La Piche était classée « à limiter ». En 2025, avec les données actuelles, elle relèverait de la catégorie « à renforcer et à requalifier ». Le projet ALDI correspond donc exactement aux orientations que le même document appellerait aujourd’hui s’il était actualisé.

Ce refus s’inscrit dans une conception du pouvoir municipal où tout projet extérieur est perçu comme une menace. Dans cette logique, l’immobilisme devient une stratégie : on préfère ne rien faire plutôt que de laisser un acteur économique s’implanter sans validation politique préalable. Mais à force de tout contrôler, on paralyse. On bloque les initiatives, on bride le dynamisme local et on fige la commune dans la dépendance.

  • Le maire affirme vouloir préserver l’équilibre commercial, mais son refus produit l’inverse : il concentre l’activité ailleurs et affaiblit Seysses. Refuser ALDI, c’est priver la commune d’un service de base, d’une source de taxe économique et d’un levier de rééquilibrage territorial.

    C’est refuser une alternative accessible aux foyers modestes alors que près d’un sur deux n’est pas imposable.

    Un maire peut instruire rapidement ou laisser traîner, faciliter un dossier ou le compliquer. Le plus redoutable n’est pas le pouvoir de dire non, mais celui de faire durer. À Seysses, ce pouvoir est utilisé pour bloquer un projet conforme au droit, geler une opportunité économique et imposer une vision personnelle du développement local.

    L’intérêt général ici est limpide : permettre une alimentation abordable, réduire les déplacements contraints, requalifier une zone existante et créer de l’emploi. Mais quand la décision politique s’éloigne de la réalité vécue, la règle devient un prétexte et le pouvoir, une fin en soi.

    Refuser ALDI, ce n’est pas protéger Seysses. C’est refuser d’adapter la commune à la réalité de 2025. C’est gouverner par inertie, par réflexe de contrôle. La vraie modernité politique, c’est de savoir faire évoluer ses positions avec les faits. Et le vrai danger pour Seysses, aujourd’hui, ce n’est pas un magasin de 985 m² : c’est un pouvoir qui se fige et confond autorité et intérêt général.

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