Vidéo-protection ou vidéo-verbalisation ?
Quand la frontière entre protection et sanction devient politique
Dans le journal communal “Écho du Binos”, les habitants de Seysses ont découvert l’annonce de la mise en place de la vidéo-verbalisation sur la commune. Or, cette mesure n’a jamais été votée par le conseil municipal. Le seul vote intervenu, en avril 2024, concernait la vidéo-protection, c’est-à-dire un dispositif destiné à assurer la sécurité des habitants, à prévenir les incivilités et à protéger les biens publics. Mais sans concertation, sans information des élus, cette « protection » semble avoir été discrètement transformée en outil de sanction. Et c’est par la lecture du journal municipal que les élus, comme les citoyens ont découvert cette évolution majeure.
Quand une décision démocratique est contournée
Le passage d’un système de protection à un système de verbalisation n’est pas anodin. Il modifie profondément le sens du dispositif initial, mais aussi la philosophie politique qui le sous-tend. La vidéo-protection repose sur une logique de prévention et de dissuasion. La vidéo-verbalisation, elle, relève d’un pouvoir de police qui permet d’émettre des contraventionsà partir des images. Ce glissement n’est pas seulement technique : il est juridique et politique. Une telle évolution doit faire l’objet d’un nouveau vote en conseil municipal, car elle modifie la nature même du dispositif voté. En l’imposant unilatéralement, le Maire bypasse le débat démocratique, ignore la délibération votée et confisque le pouvoir de décision collective.
Ce que cela dit de notre démocratie locale
Ce type d’agissement interroge profondément la manière dont les décisions publiques sont prises à Seysses. Peut-on encore parler de démocratie locale lorsque les élus découvrent des décisions municipales dans le bulletin communal ? Le rôle du conseil municipal n’est-il pas précisément de délibérer, d’échanger, de voter, et d’assurer le contrôle démocratique de l’exécutif local ? À travers cet épisode, ce n’est pas seulement une question de caméras qui se pose. C’est celle de la transparence, du respect du mandat des élus, et de la confiance entre la majorité et l’opposition.
Protéger, ce n’est pas punir
En avril 2024, les élus avaient voté pour protéger les habitants — non pour les sanctionner. La vidéo-protection devait être un outil de sérénité, pas un instrument de contrôle punitif. Le passage à la vidéo-verbalisation rompt ce contrat moral entre élus et citoyens. Les Seyssois méritent la vérité : Nous avons voté la protection, pas la sanction